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Les constats des groupes de femmes en rétrospective de La Marche des femmes contre la pauvreté Du Pains et des Roses en 1995

Saint-Jérôme, le 5 juin 2025. Lors de leur assemblée générale annuelle, une trentaine de participantes réunies au sein du Réseau des femmes des Laurentides (RFL) ont souligné les 30 ans de la Marche des femmes contre la pauvreté Du Pains et des Roses. En effet, elles se sont rappelé que dès le 26 mai 1995, 3 contingents, dont au total 850 femmes, ont marché 200 km pour rejoindre l’Assemblée nationale du Québec le 4 juin et réclamer des mesures concrètes pour diminuer la pauvreté qui affligeait nombre de femmes.   

Évolution depuis ? 

Il nous apparait important de souligner les avancées réalisées quant à la lutte à la pauvreté en 30 ans d’action du mouvement des femmes. En ce qui a trait aux changements majeurs, il y a eu l’adoption d’une loi sur l’équité salariale en 1996, l’instauration de la perception automatique des pensions alimentaires, l’implantation d’un réseau de Centre de la petite enfance en 1999. Notons que des ressources ont été investies permettant de contrer les violences faites aux femmes et que des mouvements sociaux ont dénoncé ces violences dont #moiaussi mettant en lumière les agressions sexuelles très répandues dans la société. “Les mentalités ont évolué, de façon générale, on n’accepte plus le harcèlement et le dénigrement des femmes. Par ailleurs, on a pris conscience qu’il y a des femmes qui sont touchées par des discriminations multiples, comme les personnes de la diversité sexuelle, issues de l’immigration, des premières nations ou vivant avec un handicap ” Explique Isabelle Thibault, coordonnatrice générale.  

Ce qui s’est détérioré. 

Si en 1995, les militantes demandaient que soient construits1500 logements sociaux par année, aujourd’hui, il y a un manque criant de ces logements ou simplement d’appartements abordables. La crise du logement existe bel et bien. À cet égard on recense moins de logements sociaux qu’il y en avait dans les années 90. On est passé de 6,2%, ce qui était déjà faible comparé à plusieurs autres pays, à 4,1%. Le logement est un droit qui pour les femmes est crucial afin de développer une autonomie financière et encore plus important lorsqu’on doit quitter une situation de violence conjugale. Le fait d’avoir un toit sécuritaire est un déterminant à la santé reconnu par toutes les instances du droit international. 

 

Et maintenant ?  

Des rencontres récentes avec les groupes de femmes des Laurentides ont fait ressortir que, malheureusement, les femmes sont encore les « championnes » de la pauvreté et vivent parfois des vulnérabilités difficiles à surmonter. Elles doivent recourir à l’aide alimentaire, avoir du soutien au logement, elles doivent faire des choix déchirants devant l’inflation incessante. “Quand on parle avec les femmes, on se rend compte de leur détresse. Lors des échanges avec les organismes, on nous a nommé plusieurs défis critiques notamment pour les femmes qui arrivent au pays. C’est un cercle vicieux, tout coûte plus cher mais les revenus stagnent, les différentes sources de soutien financier des gouvernements sont peu ou pas indexées et maintiennent en état de survie. Ultimement, on voit beaucoup d’anxiété; la peur de perdre son logement, le manque de services sociaux, le fait de s’occuper des enfants ou d’être proche aidante. Il faut beaucoup de courage et de résilience pour s’en sortir quand on a très peu de moyens”. Constate Sophie Gilbert responsable du développement. Compte-tenu des besoins qui demeurent, le RFL entend continuer à revendiquer des mesures qui assurent une autonomie économique, des revenus décents, la sécurité pour toutes les femmes et les filles ainsi que l’accès à un environnement sain, à la santé et aux ressources appropriées et conçues pour toutes les femmes.  

À quand des investissements qui assurent une dignité humaine, une reconnaissance de la contribution des femmes au bon fonctionnement de la société ? Pourquoi pas un revenu minimum garanti ? Des logements à 25% de nos revenus ? Des ressources (comme des CPE et autres services de gardes) qui permettent de se maintenir en emploi ? Des soins de santé mentale et physique qui gardent les femmes actives dans leur communauté ou auprès de leurs familles ?